Maison pour les langues
- Direction : Grégory Miras
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- Ressources :
Article de Grégory Miras et Nicolas Molle : "Faut-il forcément faire cours en anglais pour internationaliser les formations ?"
https://theconversation.com/faut-il-forcement-faire-cours-en-anglais-pour-internationaliser-les-formations-236017
UN CONTEXTE EUROPÉEN, NATIONAL ET RÉGIONAL APPELANT DES ACTIONS EN FORMATION
L'enseignement des langues étrangères en France a évolué, passant d'un petit nombre de langues européennes à vingt-deux langues enseignées actuellement. Le plan de rénovation de 2005 a introduit un cadre institutionnel précis, favorisant la diversité linguistique et le plurilinguisme, avec des progrès notables jusqu'en 2010, mais des résultats stabilisés depuis. Une approche didactique intégrative, soutenue par le numérique, a récemment renforcé l'ancrage culturel et l'approche interculturelle dans l'enseignement des langues. Le rapport de 2018 souligne l'utilisation détournée du Cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL) comme outil d’évaluation en langues plutôt que comme politique de construction de la citoyenneté européenne. Les évaluations nationales et internationales montrent des progrès jugés insuffisants par les politiques, avec notamment des disparités selon l'origine sociale des élèves. Dans cette même vision, la France est présentée comme se classant mal en termes de maîtrise des langues étrangères. Le plan langues vivantes, lancé en 2019, comprend dix mesures pour améliorer l'enseignement des langues, y compris un test de positionnement en anglais à la fin du cycle 4. Les résultats de ce test en 2022 ont révélé des niveaux en langues étrangères qui posent des questions sur l’impact de la formation sur le développement langagier et la pertinence des attendus dans les programmes. Un plan d'urgence a été mis en place dès la rentrée 2022 pour renforcer l'enseignement des langues au collège. Cette politique s'inscrit dans un effort international pour créer un espace européen de l'éducation, avec un module d'évaluation des compétences linguistiques prévu pour 2025 dans le cadre de Pisa 2025.
La Maison pour les langues a, de ce fait, vocation à répondre à cette situation en proposant en partenariat avec l’École académique de formation continue et au sein de l’Université avec l’UFR Lansad et des laboratoires, de visibiliser, de structurer et de renforcer la formation en langues et cultures en Lorraine par des synergies multiples à construire. Et pour construire le continuum formation initiale-formation continue inscrit dans les missions de l’INSPÉ de Lorraine et le schéma directeur de l’École Académique de Formation Continue.
UN PROJET DE RECHERCHE-FORMATION DANS UNE DYNAMIQUE FORMATION INITIALE-FORMATION CONTINUE
Ce projet de Maison pour les langues vise inévitablement, à court et moyen termes, à contribuer à répondre à cette urgence et aux objectifs fixés, tout en les transcendant. Car, davantage sans doute que d’autres disciplines, l’apprentissage des langues engage les personnes : « dans leur totalité, dans leurs dimensions à la fois culturelles, relationnelles, affectives, corporelles, cognitives. […] Apprendre une nouvelle langue, en faire l’expérience, se l’approprier au sens de « la laisser advenir en propre », c’est comprendre et accepter que les autres font sens autrement et qu’on se transforme soi-même à leur contact. […] Le fait de se projeter dans d’autres langues amène à s’impliquer dans une dynamique de relation et de rencontre, au sens fort du terme, si on prend au sérieux l’argument de Louise Dabène : on n’apprend pas « de la langue » tout à fait de la même façon qu’on apprend la plupart des autres disciplines car les langues sont constitutives du monde, elles constituent notre expérience du monde et des autres, elles disent comment nous comprenons ce monde » (Cnesco, 2019).
L’enseignement-apprentissage des langues est, en ce sens, fondamentalement humain et repose sur une nécessaire et authentique expérience de l’altérité. C’est ce rapport à l’altérité que ce projet entend mettre au coeur de la formation de tous les enseignants, du premier comme du second degré, amenés à enseigner les langues ou en langue, « une formation qui ne soit donc pas centrée sur un faire comme mais sur un être avec » (Castellotti ; Cnesco, 2019), afin d’inscrire l’apprentissage des langues dans une perspective d’« appropriation humaniste globale » (Martinez ; Cnesco, 2019), au-delà de la simple maîtrise.
La Maison pour les langues vise plusieurs objectifs en s’adressant tant aux étudiants, aux stagiaires, qu’aux professeurs des écoles et aux enseignants de langues vivantes mais aussi aux professeurs d’autres disciplines qui enseignent ou souhaitent enseigner leur discipline en langue étrangère (DNL), et enfin aux professeurs de français et de français langue étrangère / seconde :
- Participer à rendre visibles les formations autour des langues et des cultures dites étrangères à l’INSPÉ de Lorraine dans l’Académie Nancy-Metz et leurs synergies (par ex. entre le 1er et le 2nd degré) ;
- Créer du lien avec tous les partenaires locaux (UFR LANSAD, Goethe Institut, École Européenne de Formation, etc.) pour renforcer les pôles d’expertise ;
- Structurer des actions de la formation initiale, continuée et continue autour des langues et des cultures dites étrangères en Lorraine et en partenariat avec le Rectorat (l’EAFC, DRAREIC, etc.) afin de participer à une dynamique locale au regard de son positionnement frontalier tout autant que nationale, européenne et internationale ;
- Déposer des projets visant une dynamique prospective des besoins sur le terrain et renforçant les interconnexions entre formation et recherche.
Pour mener à bien ces objectifs, les principaux axes de travail sont :
1- L’enseignement des langues et en langues
L’offre de formation de la Maison pour les langues pourra, dans ce domaine, s’articuler autour des champs suivants :
- Le plurilinguisme et l’interculturalité tout en tendant vers une vision plus contemporaine du translangagier et du transculturel ;
- La valorisation des Langues moins Diffusées et moins Enseignées (MoDiMEs) pour une offre centrée sur les besoins des élèves ;
- La progressivité des apprentissages au fil du parcours linguistique de l’élève, pensée avec la diversification de celui-ci ;
- Apprendre autrement dans des lieux et des espaces différents de celui de l’école (bibliothèques universitaires, fabulathèque, Préau, etc.) ;
- Les mobilités des élèves, réelles ou virtuelles, pensées et construites comme véritables expériences de l’altérité ;
- Les enjeux du développement de l’intelligence artificielle pour une reconnaissance du savoir comme distribué ;
- L’interdisciplinarité, notamment pour les étudiants, stagiaires, et professeurs de disciplines autres que linguistiques qui dispensent ou ont pour projet de dispenser tout ou partie de leur enseignement en langue étrangère, en visant la question des langues de spécialité.
2- La construction d’une citoyenneté européenne
Cette dimension se concrétisera par des initiatives en lien avec les orientations proposées dans le rapport sur la place de l’Europe à l’École, rédigé par l’eurodéputée Ilana Cicurel et remis au ministre de l’Éducation nationale en juillet 2021 (Faire de l'École le coeur battant de l’Europe). Elle s’inscrit dans une réflexion plus large autour de l’espace européen d’éducation et de l’appropriation collective de cet espace. Il s'agit de penser différents types d'action (par exemple, mobilités ERASMUS ou un module Europe) permettant de promouvoir la citoyenneté chez les (futurs) enseignants tant dans leur posture éthique que dans leur manière d'aborder les langues à l'école.
3-Les modalités de formation
Une diversité souple de modalités est à retenir alliant sessions de formation en présentiel, hybrides, à distance (synchrone, asynchrone) ; visites, stages, conférences ; suivi et accompagnement dans les classes. Ces dispositifs seront assortis d’un vaste volet d’autodirection guidée dans une double perspective d’individualisation de la formation et d’autonomisation des personnels dans la construction de leur propre parcours. Cette dimension s’ancrera sur les travaux historiques de chercheurs de l’axe “didactique des langues et sociolinguistique” du laboratoire ATILF. La Maison pour les langues pourra également prendre appui, à cette fin, sur la solide expérience de l’UFR LANSAD en la matière. Son offre s’adossera également à des dispositifs variés de mobilité :
- réelle : sous la forme de stages de renforcement linguistique et de découverte d’autres cultures éducatives,
- virtuelle : au moyen d’observations croisées à distance et/ou dans le cadre de partenariats eTwinning, par exemple,
- dans le cadre de partenariats entre centres de formation dans la perspective de la découverte d’autres cultures de formation.
La création de pôles d’expertise dans des écoles et établissements scolaires ou réseaux d’établissements scolaires partenaires pourra, par ailleurs, être envisagée en s’appuyant sur des programmes déjà existants (par ex. PRIMERA). Des actions conjointes au niveau du programme académique de formation (PRAF) pourront être envisagées sous la forme de participation de formateurs et formatrices de l’INSPÉ ou de la préparation de ressources avec des intervenantes et intervenants.
4-Une formation diplômante et certifiante
Outre les diplômes et certifications déjà existants, qu’il conviendra d’investir pleinement :
- la certification complémentaire pour l’enseignement en langue étrangère dans une discipline non linguistique (DNL) (portée par le Rectorat) ;
- le DU « Pratiquer et enseigner l’allemand (et en allemand) à l’école, au collège et au lycée » (porté et mis en oeuvre par l’INSPÉ, conventionné avec le Rectorat et la région) ;
- le CAPEFE (porté et mis en oeuvre par l’INSPÉ, conventionné avec le Rectorat), la Maison pour les langues s’inscrira dans une perspective certificative affirmée, par la création d’autres dispositifs de même nature, afin que chaque étudiant, stagiaire, professeur puisse faire reconnaître et valoriser les temps de formation et le parcours de développement professionnel personnalisé qu’il aura choisi.
5-Les liens indispensables entre recherche et formation
Au coeur de la philosophie de la Maison pour les langues, les liens entre recherche et formation y seront structurants. En effet, il s’agit de reconnaître le rôle des travaux scientifiques transdisciplinaires (sciences du langage, sciences de l’éducation, psychologie, sociologie, etc.) dans la construction de dispositifs qui répondent aux connaissances contemporaines sur les langues et les cultures. Les recherches dans ce domaine y trouveront naturellement un soutien à différents niveaux (logistique, formatif, vulgarisation, etc.). A ce titre, il est envisagé d’apporter un soutien spécifique aux acteurs et actrices de la formation qui souhaiteraient se lancer dans un projet de recherche doctorale.